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Roman : Réflexions sur la vie
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6 décembre 2004

PAGE 6

"Bonjour tu vas bien?", non, ne me réponds pas ignorant...je sais très bien ce que tu vas me répondre. Je t'interroge sur ce que tu vas faire ce soir, sur la dernière fois que tu as revu Thomas, sur ce que tu as pensé de tel ou tel film, sur ce que tu as mangé à midi... je t'interroge et pourtant je n'en ai nul réel besoin. Pourquoi? D'une part, car ce sont généralement des questions dont je n'en ai que faire. En effet, la plupart du temps on parle pour ne rien dire, c'est sans doute pour cela qu'on m'a souvent reproché dans ma vie de ne pas beaucoup parler. Mais à quoi bon quand on y réfléchit. Toutes ces banalités que l'on peut se dire toute la journée, toute la semaine...toute sa vie. Dans quel but, si ce n'est celui de passer le temps, de tuer le temps avant qu'il ne nous tue. Alors on m'accuse de timidité, de ne rien dire alors que je n'en pense pas moins, de ne pas prendre position...c'est tellement vrai, et en même temps tout cela me fatigue tellement que je préfère me taire. Le silence a cela de reposant, c'est qu'il ne nous fatigue pas, autrement dit qu'il n'est là que pour éviter des réponses toutes faites ou des stupidités proclamées sur l'autel du social. Comme j'aimais, et comme j'aime toujours cela, de laisser des gens parler entre eux sur des sujets si stupides que s'ils s'entendaient ils en auraient presque honte, et d'écouter sans rien dire. Alors parfois on me regarde et me demande si je n'ai rien à dire, et je leur réponds par l'affirmative...que dire devant de telles évidences. A terme, je me coupe de beaucoup de discussions, de beaucoup de rencontres, c'est un tort et je le sais. C'est pourquoi j'ai fait beaucoup d'effort pour m'intéresser, pour ne pas paraître à l'écart. Et c'est comme cela que l'on devient drôle dans une conversation, on ne fait que se cacher derrière notre humour, comme on se cache derrière son silence, on a juste changer de tactique pour revivre et être présent dans ce monde là.

Mais surtout, d'autre part, c'est parce que je connais tout ce que tu vas me répondre. Evidemment puisque c'est moi qui crée tes réponses. Tu es là mais tu pourrais ne plus l'être, regardes, je me retourne quelques secondes, ça y est tu n'es plus là. C'est terrible dans un sens car il n'y a plus de futur dans ce monde ou du moins, un futur prévu, une suite connue, une fin attendue. Ce que tu allais me dire avant que tu ne commences même à ouvrir ta bouche, je le connaissais, puisque c'est moi qui te l'ai dit. Eh oui c'est comme ça, tu es dans mon monde que je façonne comme je le désire, que je pense comme je le souhaite, que je modifie comme j'en ai envie. Je suis bien ici, mais tu es bien ici aussi parce que je veux que tout se passe bien pour toi. Maître de ma destinée tel est mon destin, telle est la réalité de ma vie, et non de la tienne, quoique dans un sens aussi. C'est surtout terrible pour vous, que de prendre conscience que vous n'avez pas de conscience, que de s'apercevoir que sans moi vous n'existez pas. Seulement de tout cela vous n'en avez pas conscience. D'une part, car vous n'avez pas de conscience donc, et d'autre part, car je ne veux pas que vous le sachiez.

Même en lisant ces lignes vous ne le reconnaîtrez pas. C'est normal, inconsciemment je ne veux pas que vous vous en aperceviez. Vous le nierez en bloc, je ne raconte que des bêtises, je suis mégalo...si vous saviez. C'est frustrant pour vous, mais pour moi ! Savoir que je construis ma vie comme j'en ai envie, reconnaître que je suis seul ici, que vous n'êtes qu'illusion, que poudre que je me jette aux yeux pour ne pas m'en apercevoir. Et pourtant j'écris ces lignes, c'est donc que je prends conscience de ma condition, de vos conditions, ou plutôt de vos pseudo-conditions. Non, j'écris, mais inconsciemment je me dis que j'écris un roman qui rapporte ma réflexion, voilà tout...si je savais...

Mais comment sortir un jour de ce monde? Il y a bien un moyen, mais...

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Commentaires
S
il y'a une recherche d'une complexité dans le langage qui m'intrigue, tu veut decrire une volonté d'action dans le passé s'acompagnant malgrès tout d'une incapacité de changer les choses, on ne voit pas la resignation caracteristique primordiale de ce genre de situation. une auto mise a nu du personnage est entreprise a la fin sans que cela aboutisse a quelques actions.
S
<br /> On raconte que Socrate se promenait en plein jour une lanterne à la main. "Que cherchez-vous?" lui demanda-t-on. Un homme! répondit-il!<br />
S
Cette page est un peu personnel pour y mettre un commentaire!<br /> je me permets juste de dire que la "sagesse" si sagesse il y a, est de prendre conscience que l'on a pas de conscience! On en revient toujours à Socrate: "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais pas"<br /> Désolée de m'incruster... Shakti
Roman : Réflexions sur la vie
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