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Roman : Réflexions sur la vie

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22 avril 2006

PAGE 16

Ou alors ... je commence à comprendre...je ne suis effectivement pas seul ici...au mon Dieu  (pour un pseudo non-croyant, cette expression est étrange) c'est incroyable, et pourtant qui aurait cru ce que cela pouvait être, malheureusement ou plutôt heureusement en fait nulle personne ne peut raconter cela aux vivants...Si on pouvait seulement imaginer cela du temps de nos si tristes vies de mortels...ce qui m'attire plus particulièrement ici c'est ce mystérieux faisceau rouge qui descend à la verticale et vient frapper cette vision que je peux décrire désormais comme apocalyptique...

Je dois savoir ce qui se passe et où je me trouve. Le faisceau est assez loin de l'endroit où je semble apparu comme par magie tout à l'heure et pourtant je suis comme attiré par lui. Non seulement ma curiosité me pousse à aller voir ce que c'est mais aussi une sorte de pouvoir d'attraction. En tout cas, si tout semble si pur et transparent ici, là-bas plus loin la lumière rouge heurte le sol en un endroit d'une noirceur intense...qui bouge et hurle...vision terrifiante depuis ma position haute...et pour la première fois depuis bien longtemps j'éprouve ce sentiment que j'avais probablement trop peu connue du temps de ma vie terrienne : la peur.

J'y vais, c'est décidé, je dois savoir et néanmoins en ai-je vraiment envie ? Plus je me rapproche, plus mon regard s'attriste, ce que je devinais depuis là-haut tout à l'heure a bien l'air de se confirmer, je dois en avoir le coeur net. Le blanc presque aveuglant qui m'entourait auparavant se mue en un gris peu accueillant. Je ne regarde même plus où je marche, mais je sens et j'entends tous ces craquements sous mes pas...le sol n'est pas stable, c'est une certitude.

J'arrive maintenant près d'une entité flasque qui pourrait ressembler à une flaque d'eau trouble, de boue et de vase. Je regarde à tout hasard dedans...mais que se passe-t-il...noir, très noir, froid, très froid... j'entends des voix à nouveau...oh non ne me dites pas que...Cloé.

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28 janvier 2005

PAGE 15

Est-ce à dire qu'une fois notre mort biologique nous avons la possibilité de revenir sur un événement marquant de notre vie passée pour le revivre ou pour infléchir le cours des choses si ce moment fut terrible pour la suite de l'existence de la personne ? Cela semble assez probable maintenant que je me retrouve face à cette situation. Mais alors, il ne fait aucun doute que par un moyen ou un autre il va falloir que j'agisse sur cette vie si étrangère et pourtant mienne. La mort de mon père fut en effet si affreuse que j'ai mis bien longtemps à m'en remettre. Ma mère d'ailleurs ne l'a jamais vraiment supporté, un homme qui respirait la vie comme lui ne se devait pas de disparaître de cette façon, encore si jeune, avec encore tant de choses à vivre. Ma jeunesse même fut totalement chamboulée par cette disparition, entre mon détachement significatif concernant l'école, la dépression longue et continue de ma mère, mon repli sur moi, bref je n'avais pas vraiment le meilleur climat pour pouvoir évoluer librement et normalement comme tous les jeunes de mon âge.

Prends cette fourchette, vas-y, je sais que tu peux le faire et pour cause tu es mon corps. Voilà c'est bien, maintenant plantes là le plus fort possible dans ta main gauche...allez fais-le...non, rien à faire, si j'avais pu me concentrer pour agir sur la conscience et le cerveau de mon ancien si jeune corps pour que cette main droite prenne cette fourchette, le reste ne suivait pas. Je devais en ce moment-même rentrait en contradiction ou en conflit avec la conscience du jeune de sept ans, une lutte devait s'orchestrer et pour l'instant je devais m'avouer vaincu. Toutefois, ce n'était pas possible, je ne pouvais que réussir sinon à quoi bon revenir à cet âge-là pour revivre le même cauchemar dont je connaissais irrémédiablement la fin.

Concentration et détermination sont les deux pendants qui me permettront d'y arriver. Voilà, c'est bien, allez ....oui....oui...aie !!! C'est gagné, je pleure. C'est d'ailleurs agréable de voir mais de ne pas ressentir la douleur en tant qu'âme dans cet autre corps. Ma mère panique, mon père hésite puis me rejoins rapidement. Sauvé ! Non pas moi...mais mon père...ma jeunesse...ma vie...ouf.

Après tout cela, je peux m'endormir tranquille, une sieste est bien méritée...le réveil déjà...on aurait dit que cela ne faisait que quelques minutes que j'étais endormi...mais où suis-je cette fois...en tout cas j'ai quitté ce corps d'enfant pour retrouver...aucun corps en réalité...je suis à l'état transparent...c'est étrange et bizarre à la fois...je ne suis pas seul c'est une certitude...en tout cas je n'ai jamais vu cet endroit et ne suis pas sûr qu'il existe sur Terre...serait-ce à dire que je suis...non...ou alors...

22 janvier 2005

PAGE 14

Pourquoi est-ce que je me retrouve donc dans ce même corps de 7 ans que j'ai eu dans ma vie antérieure ? il faut que je saches, il doit y avoir une raison rationnelle à cette situation plutôt irrationnelle. Je me réincarne donc après ma mort, c'est désormais un acquis. Seulement on ne se réincarne pas en animal ou en une nouvelle personne comme nous pouvons le croire de notre vivant. Ensuite on se réincarne mais pas forcément, enfin en ce qui me concerne en tout cas, depuis le début notre vie mais à certains âges qui sont peut-être charnière pour moi ou pour l'Homme en général. Pour ce qui me reste de mes cours de philosophie en classe préparatoire, je me souviens (car la mémoire marche très bien dans cet autre monde) que les Stoïciens fixent l'Age de Raison à 7 ans, faut-il que j'y vois là une raison de ce retour à ce moment de ma vie, je verrai plus tard.

Ça y est ! Ce corps, qui m'est presque étranger car je ne peux agir pour l'instant directement sur lui, se réveille et se lève. Il va falloir que j'apprenne à le dompter ou à le recoloniser, et je sens que cela ne sera pas facile. C'est étonnant je vois, je bouge, je revis donc au travers de ce petit corps qui se déplace dans cette maison si familière. Ma mère est assise à une table de la cuisine, mon père en face d'elle prenant comme à son habitude son petit déjeuner à la va-vite avant d'aller travailler...oh non ne me dîtes pas que...et si, je commence à comprendre...il est 8h du matin et nous sommes un lundi, j'en suis sûr, je n'ai même pas besoin de regarder l'horloge de la salle à manger ni de consulter le calendrier suspendu au dessus du buffet...papa va prendre sa moto pour aller travailler...nous recevrons un coup de téléphone dans à peu près 2 heures...papa sera à l'hôpital...papa ne reviendra plus à la maison.

18 janvier 2005

PAGE 13

C'est étrange et en même temps je crois que je suis en train de comprendre très clairement maintenant ce qu'il s'est passé. Mais oui, c'est évident. Pourtant quand on y réfléchit bien cela paraît tellement étrange. Si les gens sur Terre, ou plutôt en vie, savait ce qu'il se passait une fois le seuil de la fin de vie passé, ils relativiseraient très certainement beaucoup de choses. Toute notre vie on va essayer de faire de notre mieux, parfois on va se laisser aller ou on sera à bout mais au moins on fait quelque chose de cette vie, alors quand on s'aperçoit de ce qu'il y a après, on peut se poser quelques questions. Toutefois, cela n'est pas aussi bizarre que cela pourrait être. Toute ma vie je me suis interrogé sur les origines et sur les suites propres à nos vies de mortels, et je me suis toujours dit qu'il se passait quelque chose après car sinon cela n'avait aucun sens, sinon cela ne servait à rien de vivre et d'être là, sinon on deviendrait tous fous et cela ne servirait à rien de prolonger l'existence, et la suite de la fin que je découvre en ce moment même est en fait une continuité.

Certes, j'étais loin d'imaginer ce qu'il se passait après. Bien entendu, j'avais émis certaines hypothèses que j'aimais démontrer et discuter avec d'autres personnes de mon entourage, mais cette fin là... D'emblée ce que je peux déjà dire et ressentir, c'est que j'ai toujours une conscience propre et un corps... mais ce qui m'ennuie c'est que je semble comme paralysé dans cette enveloppe corporelle, je ne peux ordonner grâce à mon cerveau, à mon corps de bouger. Oui, mais est-ce bien mon corps...je peux en tout cas le voir, le sentir, le toucher en quelque sorte même si ce n'est pas de manière physique...et bien oui, c'est bien mon corps ! Mais alors suis-je vraiment mort, ou plutôt sorti de l'autre vie ? cela ne fait en réalité plus un seul doute à ce niveau. Mon cher Marc, tu seras donc allé trop loin dans tes prévisions et tes calculs, et bien évidemment que je ne lui en veux pas, j'étais parfaitement conscient des risques encourus. Tiens, en plus d'une conscience, je possède donc encore une mémoire puisque je me souviens de pratiquement tout jusqu'au décompte final de Marc, jusqu'au décompte final de  ma vie.

Je suis donc en quelque sorte encore vivant, du moins par l'intermédiaire de mon esprit, et j'ai encore mon corps sur lequel je ne peux pas pour l'instant agir. J'ai mis un peu de temps à comprendre ce qu'il se passait, mais maintenant j'en suis sûr et je sais ce qu'il y a après la mort. C'est assez délicat à dire, mais le fait est là, je me retrouve dans mon propre corps, c'est une certitude , seulement c'est mon corps de quand j'avais 7 ou  8 ans si je me souviens bien. Quand nous mourrons donc, nous nous réincarnons certes, mais on se réincarne en nous même. La question est de savoir désormais pourquoi je me retrouve dans ce corps d'enfant, à cet âge là, mais je sens que je ne vais pas tarder à le découvrir...

13 janvier 2005

Page 12

C'est ce matin donc. Je n'ai pas le moindre trac loin de là, je me suis même réveillé tôt pour réfléchir une dernière fois à la décision prise. Il s'agit de ne pas le regretter plus tard, si futur il y a mais je n'en doute pas, et surtout de bien repenser aux avantages et inconvénients d'une telle action. Ce qui peut paraître bizarre c'est que je ne fais que de penser à mon existence depuis mon réveil, et je me repasse ma vie d'un bout à l'autre. Un peu comme le cliché très répandu selon lequel avant de mourir notre vie défile à une allure extraordinaire et que nous revoyons passer les bons et moins bons moments ayant jalonné notre parcours sur cette Terre. Cliché bien évidemment car qui peut dire ce qui se passe dans le laps de temps précédant notre mort. En tout cas force est de constater que je n'arrête pas de me poser des questions sur ce que j'ai réalisé, sur ce que j'ai accompli, sur ce qui serait à refaire, sur ce que je n'aurais pas du faire... C'est fou comme la mémoire se remet activement en marche lorsque l'on pense que c'est la dernière fois qu'elle va nous servir dans ce monde.

Mais peu importe, mon choix est fait et comme je déteste revenir sur une chose que j'ai acceptée, je m'en vais donc rejoindre Marc et sa fine équipe. Lorsque je ferme pour la dernière fois peut-être la porte de ma villa, j'aperçois Cloé devant le portail. Ce ne peut être qu'elle malgré les années qui ont passé. Arrivé près d'elle, elle me regarde, me gifle et m'embrasse très fort. Elle m'accompagnera donc pour cette épreuve. C'est drôle mais je ne suis pas du tout surpris, j'étais inconsciemment persuadé que je la reverrai après toutes ces années ce matin. Le trajet semble soudain très court grâce à Cloé, on a tellement de choses à se dire qu'on ne se dit finalement pas grand chose. Arrivé dans le service de Marc, je lui présente rapidement Cloé, et après quelques formalités, ce genre de formalités qui m'ont toujours paru si inutiles comme "bonjour, ça va toi?", je décide de m'engager très vite dans cette aventure. Cloé restera près de moi jusqu'au bout et me tiendra la main aussi longtemps que je serai alité. Là encore, ce fameux cliché que de se dire qu'une personne dans le coma entend ce qu'on lui dit ou ressent la présence des personnes autour d'elle, va peut-être devenir une vérité absolue.

Ce qu'il y a d'intéressant dans tout cela, c'est que j'ai la vague impression que rien n'a véritablement changé là où je suis. Même si je n'ai pas de notions du temps pour le moment, je me doute que cela fait plusieurs jours que l'opération a eu lieu. En tout cas une chose est certaine dorénavant, Marc s'est trompé dans ses calculs, et le coma sans retour s'est très certainement avéré comme sans retour à la vie. Du moins c'est la sensation que j'aie à l'heure actuelle. Tout est allé très vite, un peu comme lors de mon opération des dents de sagesse quand j'avais 16 ans. Je revois Marc compter de cinq à zéro, je le vois préparer divers fils et électrodes qu'il me branche un peu partout sur le corps, je vois ses assistants s'affairer autour de moi, je vois cette seringue devant contenir le mélange magique ou l'elixir du non-retour, je vois Cloé qui est là très triste assurément mais qui n'en laisse rien paraître comme elle l'a toujours fait, puis je ne vois plus grand chose...4...sa main chaude est désormais posée sur ma main droite...3...Marc me fait un grand sourire pour essayer de me détendre peut-être...2...c'est bizarre mais je ne sens plus très bien mes membres...1...mais ce qui est bien c'est que je suis très zen, comme je l'ai toujours été dans ma vie, ne montrant que très peu d'émotions, alors qu'au fond de moi tout se chamboule je peux encore ressentir cela...0. 

Mais où suis-je...et pourquoi cet endroit me semble-t-il si familier ?

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9 janvier 2005

PAGE 11

En rentrant ce soir chez moi, je savais bien que j'allais ressasser toutes ces histoires de vie et de mort qui ont jalonné ma vie toute entière. Mais je ne pensais pas forcément que cela me ferait aussi mal. En effet, cela m'oblige à repenser à des sujets tragiques de ma vie, de ma rupture avec Cloé à la mort de mon petit Stéphane et encore à bien d'autres choses dont je ne me sens pas vraiment l'envie de parler. Si je vais quand même essayer de développer ce que je crois y avoir après la vie, car il ne fait aucun doute qu'il se passe quelque chose, je me dis que j'en ai un peu marre d'attendre toujours et en vain de pouvoir vérifier la véracité ou pas de mes propos, de mes hypothèses et de mes réflexions. Oh bien sûr, j'ai toujours rejeté le fait que le suicide permettait cette vérification car c'était un acte de lâcheté vis-à-vis de moi, de mes proches et amis, de l'Homme. Mais on ne peut se borner à tenir de telles positions indéfiniment, surtout quand nous ne voyons pas d'autres solutions pour atteindre le Savoir.

Toute ma vie, j'ai mené cette double existence qui consistait à continuer d'effectuer mon travail chaque jour avec plus ou moins le même entrain, et parallèlement, de poursuivre mes recherches et interrogations sur les deux piliers fondamentaux de l'existence de l'Homme à savoir son origine et sa fin. L'un des avantages principaux de ma vie et d'avoir pu fréquenter tous les milieux possibles puisque mon emploi me permettait cette latitude et me l'imposait même au regard des impératifs qu'il supposait. J'ai ainsi pu, en particulier, rencontrer Marc lors d'un de mes déplacements dans ma région natale, la Provence. C'est un neurochirurgien très renommé dans sa spécialité qui avait à l'époque tout tenté avec son son équipe pour réanimer Stéphane. Bien évidemment, j'étais, tout comme ses parents, déjà résigné sur le sort de mon boutchou qui avait subi un choc tel, que l'espoir n'était même pas envisageable. Toutefois, j'avais gardé ce secret espoir qu'un miracle soit possible, mais Marc m'avait pris à partie pour clairement m'expliquer que la question n'était pas celle du retour à la vie car cela n'était plus possible, mais celle du maintien entre deux mondes, ces deux mondes que je n'ai jamais cessé depuis d'explorer à ma façon, en m'interrogeant. D'un commun accord avec les parents du petit, nous avions accepté dans la douleur, de mettre fin à cette pseudo vie ou à cette avant-mort.

Depuis cet instant, nous nous sommes très souvent revu avec Marc, et c'est désormais un ami de très longue date avec qui j'ai beaucoup appris en le questionnant, sur d'innombrables questions comme celle de l'état transitoire du coma, mais aussi sur la mort elle-même. Je vais donc me rendre comme convenu dans son service demain matin, il m'a déjà expliqué les risques considérables que je prends en tentant cette expérience, nous en avons débattu des heures et des nuits durant. Ma décision est donc maintenant bien prise, je ne ferai pas cela par désir de plus vite abandonner cette vie mais plus, par désir de compréhension personnelle, et si cela peut servir à la recherche tant scientifique que philosophique, alors cela n'en sera que meilleur. Marc et sa fine équipe, toujours à la pointe du progrès dans leur domaine de prédilection, ont eux aussi fini par approuver ce choix, et ils me plongeront donc demain dans cet état qu'ils appellent dans leur jargon, le "coma sans retour", à savoir un état si proche de la mort, que les patients accidentés qui connaissent cette situation ne reviennent, dans la très grande majorité des cas, jamais à la vie, ou alors avec des séquelles irréversibles ou encore très longtemps (parfois des années) après.

Ce soir donc, je me couche très paisiblement pour la dernière fois, peut-être, en attendant demain avec impatience et en sachant que Cloé a été prévenue de ma décision grâce à le lettre que je lui ai écrite. 

3 janvier 2005

PAGE 10

La mort donc... C'est un aspect à y réfléchir plus intéressant à étudier que la question du "pourquoi" de la vie. En effet, on peut se dire qu'en répondant à la question de l'après-vie, on répondrait de ce fait à l'interrogation de l'origine. En espérant bien sûr, trouver une explication à la non-vie. En vain, l'ensemble des êtres s'interrogeant sur l'origine et restant sans réponses rationnelles, donc sans explications pour eux, celles-ci se devant d'être rationnelles, vont se tourner tout logiquement vers la mort en espérant. L'espoir effectivement que leur mort, qu'ils espèrent le plus loin possible quand même, expliquera tout ou encore le Tout. Cela revient a de la facilité c'est vrai, mais cette sorte de complaisance est très saine pour l'Homme : se dire qu'une réponse sera apportée à la fin de ce calvaire qu'est sa propre vie a cela de reposant que le problème est reporté à plus tard.

C'est d'ailleurs une tendance de fonds dans l'espèce humaine que le concept même de la fuite devant la non-connaissance. Et on ne peut juger cela comme aberrant, puisque nous sommes humains, donc par définition mortels, mais peut-être comme révoltant. Mais à y réfléchir, la fuite est idéale dans notre vie de tous les jours. On se moque de savoir pourquoi et comment, et la conséquence de telle ou telle chose, puisque tout nous sera dévoilé après notre vie. Ou du moins nous l'espérons... Et si donc rien n'était expliqué après notre mort, alors ce serait terrible, avoir fait tout ça, ou plutôt avoir tout fait pour éviter le problème, pour finalement ne pas savoir, vraiment cela ne servait à rien.

Basiquement, on peut se dire que soit il se passe quelque chose, soit il ne se passe rien. Il ne faut pas s'être très longtemps interrogé sur soi, sur l'autre et sur le monde pour arriver à de telles conclusions, mais ce qui est primordial et intéressant est de savoir ce que l'on met derrière ces solutions, ce que l'on met derrière la vie... Si l'on pense qu'il ne se passe rien, et cela peut paraître comme la réponse la plus "rationnelle" justement, c'est qu'il y a un problème quelque part. Comment peut-on s'imaginer comme ne servant à rien sur cette Terre, étant là par hasard et de finir sa vie quelques mètres sous cette même terre, comme cela, pour rien. C'est plausible vous me direz mais indémontrable vous le savez bien. Personne n'est jamais revenu de l'après-vie pour nous expliquer ce qu'il se passe de l'autre côté...du moins nous n'en avons aucune preuve tangible. Mais se dire qu'il ne se passe rien après est un non-sens humain, une contre-vérité qui fait que l'Homme ne peut vivre s'il est conscient de cette réalité. L'Homme est là, qu'il le veuille ou non, car il a un but sur cette planète. On ne peut pas se dire que je ne suis là que pour 80 ans, histoire de laisser une trace dans telles ou telles archives et de m'en aller à tout jamais. Ou alors c'est effroyable. Nous ne serions nés en réalité que pour attendre notre mort sans broncher et basta. Si l'on veut aller plus loin, nous sommes sur cette Terre uniquement car nos parents nous ont mis au monde et nous n'attendons en réalité qu'une seule chose : de pour voir prendre la place. De qui ? Des "déjà-morts" qui sont encore dans leur cercueil et qui prennent nos futures places. Nous pouvons représenter l'espèce humaine comme une longue file d'attente : d'un côté il y a ceux qui attendent, ou qui vivent, comme vous voulez, et de l'autre, ceux qui meurent et qui rejoignent les morts. En fait, dès qu'une place se libère, c'est-à-dire, que quelqu'un est incinéré, ou qu'une concession se libère dans un cimetière, alors les "bientôt-morts" prennent immédiatement ces places vacantes pour les occuper. Voilà donc la logique de cette vie, celle du roulement ou de la file d'attente. C'est une vision noire et très schématique mais à y regarder de plus près cela répond parfaitement à se dire qu'il n'y a rien après la vie.

Et puis il y a la deuxième solution qui peut se prolonger dans d'innombrables sous-solutions, autrement dit, il se passe quelque chose ! Oui, mais quoi... 

16 décembre 2004

PAGE 9

C'est ce qui est "beau" dans cette hypothèse c'est qu'elle est indémontrable donc potentiellement possible. Car le suicide n'a jamais été ma tasse de thé, vous ne pourrez donc savoir si vous existez vraiment, c'est-à-dire par vous-mêmes et donc pas grâce aux fruits de mon imagination, à moins qu'il n'arrive quelque chose à l'initiateur... D'un autre côté, est-ce que les gens veulent vraiment savoir LA vérité sur leur existence, cela n'est pas dit. Beaucoup s'en moquent, ils sont là, ils font ce qu'il ont à faire et rentrent le soir chez eux pour recommencer le lendemain matin et cela sans fin. D'autres préfèrent croire à l'énormité de l'hypothèse, si énorme qu'elle leur parait impossible...paraît...car on ne sait jamais quand même. D'autres enfin se voilent la face en pensant que c'est leur réalité qui est "réelle", ils ne veulent pas en démordre car une telle hypothèse remettrait tout en cause pour eux : leurs vies qu'ils n'ont jamais dirigées, leurs amis qui n'en sont pas, leur famille étrangère, le monde autour d'eux fondé sur des faux...bref mieux vaut ne rien en croire.

Toutefois, en y réfléchissant, même encore aujourd'hui après tant d'années, il est vrai qu'une telle hypothèse, même pouvant sembler très probable, ne restera qu'à l'état d'hypothèse puisqu'elle n'a jamais été démontrée ! Alors oui, c'est le point faible de cette hypothèse, mais attention, il ne faut pas se dire que ça y est, c'est gagné ! L'hypothèse n'a jamais pu encore être démontrée car son initiateur est encore vivant certes, mais...a-t-on jamais démontré que Dieu existe? A-t-on jamais démontré que c'est le Big-Bang qui a créé la Vie, qu'Adam et Eve sont les géniteurs de l'espèce humaine, a-t-on jamais exploré la totalité de l'Univers pour réellement connaître les limites de cet espace infini? La réponse est non, évidemment...Vous voyez clair maintenant, et il fallait que cette évidence soit exposée ici pour que nous comprenions toutes et tous que nous existons, ou du moins que nous vivons, sur une Terre basée sur une hypothèse !

N'ayant pas le courage tout au long de ma vie de prouver au monde l'hypothèse du rêve éveillé, en d'autres termes, ne voulant pas me laisser mourir pour réveiller l'Homme de sa propre condition, je m'interrogeais alors sur le fait initiateur qui pourrait mettre fin à ce monde, à savoir ma mort. Que se passerait-il réellement après cela ? En fait, tout comme nous vivons sur cette Terre sans savoir pourquoi et comment tout cela est-il arrivé, nous ne connaissons rien non plus sur ce qui se passe après cette vie. Qu'y a-t-il réellement après la fin de la vie? Il était en effet bien triste de se dire que nous ne savons pas ce qu'il y a avant et après ce cours laps de temps représentant notre passage ici bas. Je décidai donc, très tôt déjà, puisque lors de nos premières réunions avec Cloé, je m'interrogeais déjà à ce sujet, de me pencher sur ce que sera notre vie après la mort...

15 décembre 2004

PAGE 8

Non ! Je l'ai pensé, donc c'est bien moi qui suis initiateur de ce monde rêvé. C'est une réponse assez égocentrique, mais en y réfléchissant de plus près elle se justifie. J'ai conscience de cet état de vraie réalité rêvée, hors, le fait d'en avoir conscience prouve, inconsciemment, que je suis le maître de ce rêve. Personne ne peut imaginer un tel scénario et en prendre conscience en tant que tel ou alors... Eh bien, on peut arriver au paradoxe suprême que plusieurs entités pensent ce monde rêvé en même temps en croyant être les initiatrices. Ici il il y a un seul moyen de savoir qui de ces personnes est à l'origine de cette hypothèse : penser toutes en même temps que les autres disparaissent. Forcément, le vrai rêveur restera et les autres auront disparu de son imaginaire, auront disparu immédiatement, ne seront plus de ce monde.

 Mais alors, ce monde rêvé n'aura jamais de fin ? C'est vrai qu'on pourrait se dire que nous vivrons éternellement dans ce monde rêvé tant que l'imagination du créateur sera là pour étayer la vie du monde, tant que l'inconscient du créateur fonctionnera et formulera de nouveaux scénarios pour faire perdurer ce monde, tant que le créateur rêvera, tant que le créateur ne se réveillera pas, autrement dit, tant que le créateur n'ouvrira pas les yeux.

Si le créateur ouvre les yeux, c'est qu'il va prendre conscience que son inconscient l'a guidé durant tant de minutes, d'heures, d'années qui sait, dans une réalité rêvée mais erronée... Autrement dit, cela signifierait que si le créateur se réveille, tout le monde va mourir ? Ce n'est pas faux ! Tout ce monde, que nous connaissons toutes et tous, sort de mon imaginaire, je vous ai créés, pensés, faits naître et faits vivre, donc si je me réveille vous n'existez plus ... vous n'êtes en fait que des composants de mes songes... Oui mais alors, comment savoir si je me réveille ? C'est quand tout le monde aura disparu ! Donc, je ne me suis jamais réveillé puisque ce monde, tous ces individus, tous ces décors factices sont encore là. C'est exact ! Mais alors, comment vraiment savoir lorsque je me réveillerai, est-ce que c'est par exemple lorsque vous ne serez plus là, vous, qui lisez ces pages ? En tout cas, ce qui est sûr c'est que vous ne pourrez jamais le savoir, car rien ne vous garanti que si vous disparaissez, ce n'est pas parce que je l'ai décidé tout bonnement, et que donc que la vie rêvée continue sans vous.

Mais moi, le saurais-je un jour ? Et bien oui ! Par contre il y a un léger inconvénient...pour que je me réveille, pour découvrir ce qu'il y a au-delà de mon monde, si tant est qu'il y a bien quelque chose, il faut que je me réveille ... en clair ... il faut que je meurre...

12 décembre 2004

PAGE 7

Mais après avoir réfléchi longuement à cette hypothèse, aussi bien en groupe lors de nos réunions, que bien après cette époque, et tout au long de ma vie, il fallait bien se rendre à l'évidence. Le rêve éveillé à cela de magique et de beau, que c'est une solution très probable sur la réalité de nos conditions. Toute notre vie nous allons donc vivre dans ce monde imaginé et voulu de toute pièce par mon inconscient, qui va façonner ce monde, cette vie, selon ce qu'il aura envie de voir, de connaître et de ressentir dans la journée. Mais alors, voilà qu'un problème se pose. Ce problème j'ai continué à m'y pencher dessus bien après la fin de nos réunions.

Car oui, il fallait bien que cela se finisse. Nous ne pouvions, toute notre jeunesse, passer du temps à réfléchir assez régulièrement sur ces questions métaphysiques. Nous ne pouvions cumuler l'apprentissage de nos cours, nos vies d'étudiants, nos rencontres, nos loisirs avec ces réflexions. Triste, on pourrait le penser, mais tellement logique. Nous sommes humains après tout, et comme toutes les générations qui nous ont précédés, il y a un moment où l'abandon et le renoncement prennent le dessus sur nos idéos de jeunesse. C'est comme ça avec tout dans nos vies, il y a un moment où l'on se laisse porter par notre vie au lieu de faire en sorte que nous soyons maîtres de notre destin. Après telles études, on va aller dans telle filière spécialisée, puis effectuer tel stage et enfin intégrer tel poste de travail. Cela paraît tellement simple qu'on ne se pose pas vraiment de questions, on est encore jeunes et on se dit qu'on verra plus tard pour faire ce que l'on a vraiment envie de faire, on a le temps ... si tant est que l'on sache vraiment ce que l'on désire plus que tout faire de notre vie et dans notre vie. C'est donc tout naturellement que nous avons cessé de se rencontrer pour parler de ces questions. Oh tout cela s'est fait d'un commun accord, l'intérêt, je le sentais, déclinait au fur et à mesure des semaines qui passaient. Il y eut tout de même un fait générateur qui entraîna définitivement l'abandon des séances, notre rupture avec Cloé. Nous, les deux membres fondateurs de ce cercle d'initiés qui ne s'entendaient plus, après avoir pourtant partagé et découvert tant de bonne choses ensemble, c'en était trop pour poursuivre nos hypothèses.

C'est donc tout naturellement que je me suis mis tout seul à réfléchir aux problèmes que j'estimais majeurs dans une vie. Bien entendu que la fin de notre relation avec Cloé m'avait vraiment porté atteinte, mais d'un autre côté, je l'avais moi-même initiée. Je l'avais rencontrée un soir, seule, dans cette petite salle de la bibliothèque pour lui expliquer que je ne pouvais plus continuer avec elle sur le même type de relation que nous avions depuis quelques mois. Si de la peine se faisait sentir chez elle, il y en avait autant dans ma voix quand je lui exposais les raisons de cette rupture. Elle le comprit finalement assez bien, et nous allions rester très bons amis tout au long de nos études supérieures.

Le problème principal de ma théorie sur le rêve éveillé était le fait que ce soit mon rêve à moi. En effet, pourquoi cette hypothèse ne me concernait que moi, pourquoi les autres intervenants dans mon rêve ne pouvaient eux-mêmes faire le même type de rêve ... autrement dit, n'étais-je pas moi non plus qu'une imagination d'un de ces acteurs en train de rêver...

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Roman : Réflexions sur la vie
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